Et vous qui êtes vous?
- Isabelle N
- 24 janv. 2023
- 6 min de lecture
Qui suis je ?
Est il possible de répondre à une telle question et ai je seulement envie de pouvoir le faire… ?
Non…
Il me sera plus facile de me décrire par mes rêves, mes espoirs et mes désespoirs…
Je ne sais pas qui je suis, sans doute parce que « je est un autre »…que cet autre est lui même changeant au fil du temps qui passe, des épreuves, des chagrins et des joies.
Comment pourrai je dire qui je suis quand les émotions qui me traversent en permanence font de moi tour à tour un incendie ravageur, une tempête de sable, à des rares moments un lac paisible qui absorbe le ciel, ou bien le chant fluet d’une rigole, une faille gigantesque qui me démembre ?
Je n’ai plus du tout envie de savoir qui je suis parce que je sais que c’est vain, parce que ça risquerait de me figer dans un état impossible, parce que nourrir mon égo est la dernière chose que je veux faire sur terre pour toutes les raisons que je donne ci dessous…
Si je cherche à me nommer par le travail que je fais, si je tente de devenir consciente et prendre de la distance avec ce qui me donne envie de créer, je dirai sans doute que je suis une artiste animiste, en cela que le songe du commencement du monde et les origines de l’humain, de l’humaine me fascinent depuis mes 20 ans, que c’est là où j’ai envie de prendre refuge quand je mesure le cauchemar qu’a crée et continue de créer l’humanité dominante dont je fais intimement parti, que les chants et danses tribales depuis ce temps là sont les seuls vraiment dans l’art qui me relient un moment à mon espèce et me la rendent étrangère à moi même le reste du temps. Je suis donc ainsi étrangère à moi même le plus souvent…
Retourner aux racines est instinctif, je fantasme, romantise les débuts de nos pas à la verticale…Je cherche à retrouver la mémoire d’une connexion perdue en cours de route, moi née au début de la destruction massive de la terre et des vivants du côté donc des civilisations dominantes, mais aussi enfant ballottée par la vague bienheureuse de la libération féminine et de la pensée peace and love, en banlieue parisienne cerclée de béton, shootée aux antibiotiques et au sucre industriel avant 4 ans mais aussi aux bains océaniques bretons et aux rivières chantantes du Chassezac en Ardèche
J’étais une enfant anxieuse, hyper empathique, qu’on appelle aujourd’hui hypersensible, me rendant coupable de tout, tourmentée du plus loin que je me souvienne dans ma façon d’appréhender la vie…Je suis en grande partie toujours ce petit être préoccupé par la souffrance qu'on provoque et les milliards de milliards de victimes qui en paient le prix mais j’ai depuis retrouvé mes alliés…
J’ai aussi souvenance par miracle d’expériences mystiques avant 5 ans. Dans ces instants sublimes, il me semblait sortir de mon corps en répétant qui suis je ? Je retombais brutalement dans mon corps physique au moment même ou il me semblait entendre la réponse à cette question saugrenue…
C’est comme si je cherchais depuis ce temps là à retrouver le gout d’une totale union avec l’univers entier. J’ai eu quelques fulgurances d’extase, de transe, je ne sais comment le nommer, j’ai même connu dans un train indien alors que je m’apprêtais à dormir sous un ventilateur noir de crasse une minute éternelle ce sentiment d’amour inconditionnel…je me souviens qu’une petite voix intérieure sarcastique m’a dit alors « profite en ça ne va pas durer »
et à cause d’elle aussi, en effet ça n’a pas duré mais je sais maintenant la saveur de cet amour là…
Je suis en quête de ce que j’ai connu sans le chercher jamais, le reste du temps, c’est comme si ma vie marchait à côté de moi, comme si je la regardais comme une entité extérieure, je cherche à la prendre par la main, l’embrasser toute entière, fusionner avec elle et l’aimer au combien l’aimer… Cette énergie d’amour, je sais que seule elle est capable de retrouver mon chemin vers l’unité…
J’ai comme en moi une nostalgie, je vois le temps passer et je me dis souvent quel gâchis…de perdre des heures, des jours, des mois, des années à savoir…mais à rester à côté…
et tout ça parce que mon mental turbine à mort et laisse peu d’espace à tout le reste qui est la vie à l’état pur et l’immersion au cœur de mondes subtils
Dans les interludes de ma quête
Je reconnais en moi une tendresse infinie mais aussi et même si cela semble paradoxal pour l’esprit humain civilisé, il est ce qui me rend éminemment sauvage, j’ai à la fois la tendresse d’une mère protégeant son petit et montrant les dents, capable de fureur pour les mêmes raisons…
Je reconnais en moi l’agressivité en cela aussi … elle n’a pas que de ses aspects négatif… « trouver des chemins intérieurs pour accueillir cette force de vie saine que nous pouvons appeler « agressivité » au sens étymologique. En latin, « agressivité‘ vient de « ad gradi » lequel signifie « marcher vers ». Employée en gestalt-thérapie l’agressivité peut être cette force vitale qui nous permet de nous adapter, de nous ajuster aux autres, au monde… sans violence… Eric Marchal
Je reconnais aussi la férocité de la racine latine « venant de la forêt » , donc proche de la nature et à distance de la civilisation.
Le mot « sauvagerie » est d’ailleurs choisi par Paul Gauguin en novembre 1889 dans sa correspondance avec Théo Van Gogh : « (…) à la civilisation pourrie je cherche à opposer quelque chose de plus naturel, partant de la sauvagerie. »3
Je suis en perpétuelle quête de ré ensauvagement, c’est dans l’air du temps n’est ce pas ? Je sniffe l’air du temps…
Je sais…
que le feu domine dans mon corps et je cherche encore les moyens de l’apprivoiser et d’en faire mon allié et non point un ennemi. Il est mon allié par ma force vitale, un trouble fête quand il devient hors de contrôle.
C’est étrange ce que je dis parce que quand je m’abandonne à sa puissance, le laisse œuvrer en moi, c’est à ce moment précis qu’il devient une énergie à mon service…C’est quand je tente de résister à son ardeur que je deviens terrible…
J’ai un amour viscéral pour l’élément air…et sa manifestation le vent, il est celui qui me ramène à la vie, il me donne le sentiment de puissance à l’état pur, sans notion de pouvoir…il me rend euphorique. Je sais ce que je lui dois, le mouvement sans quoi l’énergie ne peut pas circuler, il est la vie…
L’eau je l’aime de mille façons mais je manque d’elle, je suis souvent déshydratée, capable aussi de ne pas ressentir la soif alors que mon être en a besoin j’ai beau boire et boire, c’est comme si elle ne pénétrait pas au coeur de mes cellules, elle glisse sur moi…j’ai tout à gagner à mieux la connaître, de sa capacité guérisseuse, elle purifie, libère, je dois apprendre à dialoguer avec elle et à l’absorber…
La terre, j’ai pour elle une infinie gratitude et plus le temps passe et plus ma civilisation l’abime, lui fait mal, l’assassine, plus mon amour grandit pour elle…
Evidemment
Mes ombres, j’en fais mon affaire, la meilleure chose que j’apprends à faire pour elles, c’est à les regarder en face, les reconnaître, leur donner mon attention et les aimer, coute que coute, les aimer toutes…elles et toutes celles à venir, seul moyen pour peut être les transmuter au service de ma joie.
Tout cela, tout ce que je dis là et qui se meut déjà
Tout cela fait de moi un enfant, un être sans âge ou de milliers d’années
Tout cela fait de moi une figure maternelle parmi d’autres, humaine ou non humaine, une mère redoutable par cette sorte d’amour cerclée d’angoisses diffuses, une mère de milliards de petits que je voudrais protéger des barbares sans parvenir à le faire, un père fouettard aussi cela arrive un peu trop pour moi même et parfois dans un état de grâce le Pater idéal qui me dresse à la verticale...
Quand le féminin et le masculin sacré se mettent à danser ensemble, et bien là je suis bien...
et vous qui êtes vous ?

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