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Photo du rédacteurIsabelle N

Dilater le coeur

Dernière mise à jour : 15 nov. 2021

11 novembre 2021


Ce texte rejoindra le tome deux de Frisson animal


Jour de commémoration officiel pour célébrer des millions d’êtres humains, pour une grande majorité à peine sortis de l’adolescence, tous sacrifiés au nom de valeurs barbares.

Jour de commémoration aussi dans le cœur de ceux et celles qui défendent la cause animale pour des millions d’animaux, les chiens, les chevaux, pour tous les animaux, innocentes victimes oubliées de la grande guerre et de toutes les autres guerres depuis des siècles, des millénaires.

Vu le nombre infernal de victimes, ça pourrait vraisemblablement être un jour de recueillement dans notre cher pays, un jour sans tuerie ni massacre

Que nenni, les barbares sont de sortie

Moi aussi, je l’étais… l’air était tellement doux ce matin là et la lumière rayonnait partout… un temps pour planter de la lavande et tant de fleurs, jouer dehors avec ma chienne et célébrer la vie, la terre, l’amour…

3 coups de fusil rapprochés et les gémissements des chiens sont venus exploser dans mon cœur comme à chaque fois…

et mon sang s’est glacé comme à chaque fois aussi en songeant aux chiens qui passent de leurs geôles où ils sont emprisonnés le jour la nuit, toute l’année, dans la chaleur terrible, dans le froid glacial à cette saloperie de chasse sous les gueulements de leurs bourreaux de maitres.

Quelles ont été les proies des ombres longues ce matin là ? Quels innocents encore traqués jusqu’à la mort ?


Que faire en pareille circonstance qui se répète si souvent ?

Comment absorber tout à la fois la beauté et l’horreur qui coexistent dans le même espace temps ?

Comment faire pour ne pas nourrir de ma tristesse et de ma rage mêlées, ceux là même qui s’en prennent à la beauté et à l’innocence et sèment la terreur et font couler le sang ?


Comment faire pour ne pas m’écrouler quand tout se mêle… au même instant ? Quand au même moment, j’absorbe la lumière du soleil dans l’œil gauche et que la vision des chasseurs transperce mon œil droit, quand dans l’oreille gauche j’entends le chant des oiseaux et que les canons de guerre déchirent mon oreille droite ?


Mon réflexe premier est de me rétracter instinctivement, quelque chose en moi se ferme…

Je me désaxe en une seconde.

En même temps, tous mes sens sont en alerte, je deviens moi même la chienne stressée, je deviens l’animal traqué, je suis aux aguets, mon cœur s’emballe et se comprime, une enclume vient s’écraser sur mon sternum…Un cri de désespoir reste coincé dans mon corps, il me déchire la tête et la poitrine.

J’ai mal, un mal de chien.

J’ai mal, le mal lancinant des mères qui savent leurs petits en danger et qui ne peuvent pas les sauver.


Etre ultra sensible a cela d’unique, cela ne permet en aucune façon de faire abstraction de la souffrance vécue par autrui, ni de fuir…aucune possibilité de garder une distance, de relativiser, tout arrive trop vite et vient se fracasser dans l’être.

ça prend aux tripes, il faut dès lors trouver un autre moyen pour traverser l’épreuve, comme chaque jour sans y laisser sa peau.

Mieux encore, on peut faire de cette faculté à ressentir plus fort et plus intensément un atout extraordinaire plutôt qu'un fardeau qui nous tue à petit feu...

Si on apprend à apprivoiser sa sensibilité au dessus de la norme et son don d’empathie, on peut se relier à tous les êtres et contribuer à l’enchantement du monde.


Pour l’heure, je dois absolument éviter de me rétrécir trop longtemps, ne surtout pas me replier, me ratatiner, ne pas construire une bulle impénétrable qui ne laissera plus passer les rayons du soleil, de la lumière, la lumière, j’en ai besoin comme toutes les fleurs pour ne pas me fâner et mourir.


Tout cela se fait dans un temps si court…


Je dois rejoindre mon refuge


et de là...


Il faut que je prête attention à la rage qui monte et la tristesse qui descend. Rapidement, prendre conscience des deux déflagrations émotionnelles qui viennent me traverser toute entière.


La rage, même si elle vient sans crier gare, si elle arrive en rugissant, je sais toujours quoi en faire, son énergie est incroyable, si je la reconnais à temps, je peux alors la transmuter en me focalisant sur mes amours. Elle se met alors au service de ma détermination, de ma foi inébranlable, de mon rêve du nouveau monde qui devient de plus en plus palpable…


La tristesse, c’est toujours plus difficile, son énergie est faible et lourde, j’ai du mal à la concentrer, elle se répand partout, alors je lui offre toute mon attention, je lui parle, je m’adresse à elle comme à une personne : Toi, la tristesse, tu es là, c’est normal en pareille circonstance, je te laisse libre, je ne te retiens pas, rejoins quand tu sentiras que c’est l’heure le grand fleuve purificateur, laisse toi emmener jusqu’à l’océan de tendresse


Et puis après tout ça…

Je souffle profondément en demandant de l’aide à mes guides là exactement où ça c’est rétrécit, dans mon cœur…

Au lieu de le fermer à mort…

Je l’ouvre en grand…je crée par ma pensée un espace infini,

Par cette seule intention, je ne cède rien à la barbarie, rien, quelque soit la forme qu’elle prend, je ne lui donne pas mon énergie vitale.


A chaque inspire, je sens que l’espace de mon cœur se dilate, s’élargit, à chaque expire, je propage l’énergie de mon amour pour les animaux, pour la terre.

A chaque inspire, je deviens plus vaste, je deviens un royaume gigantesque où viennent se réfugier les êtres sauvages ou esclaves, là dans cet espace grandiose, ils peuvent se reposer, reprendre des forces, boire aux sources, vivre en paix, libres…


Je vous aime tant mes amours


Tandis que j’inspire et j’expire en conscience, je me rappelle que l’énergie de l’amour est plus puissante que celle de la haine, de la cruauté, de la violence…

La barbarie quelle que soit la forme qu’elle prend, que ce soit tuer par procuration pour des plaisirs de bouche, tuer soi même pour le seul plaisir d’ôter la vie d’un être.. est signe d’une absence de conscience, d’une séparation d’avec le vivant. On peut la croire puissante mais en vrai, elle est faible.

Seule l’indifférence arme la main des barbares.

Les barbares sont des morts vivants et les morts vivants seront tous avalés, digérés par la puissance de l’amour

Il suffit d’y croire


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